Le mal centrafricain

24 juillet 2014

Le mal centrafricain

moi président

 

 

La Centrafrique est un pays « magnifique », très riche en faune, en flore et en sous-sol, ayant pour capitale « Bangui la coquette », la verdoyante ville caressée par le fleuve Oubangui et le vent frais qui descend des collines de Gbazabangui. Malheureusement, en plus de son enclavement, le pays est miné par de nombreuses années de conflits sans cesse alimentés par des rivalités politiques, ethniques, et… (Religieuses ?). L’homme de la rue que « Radio Trottoir » a interrogé se dit fier d’être centrafricain. Sauf que le pays, lui, n’est pas fier de ses enfants pour plusieurs raisons.

Chaque Centrafricain est né avec un handicap difficile à réparer : le mal du Centro. Une maladie qui a suscité, depuis des décennies, l’intervention d’éminents médecins, de marabouts et de chamans du monde entier qui ont rivalisé sans succès en thérapie de blancs ou des ancêtres : Les Nations unies, l’Union africaine, la Francophonie, la CEAC, la Misab, la Minurca, la Fomac, la Misca, l’Eufor RCA, la France, le Tchad, l’Afrique du Sud, les « Eskadrons » blindés, les Baniamuléngués, les Kodos…  sommets de Libreville, de Ndjamena, de Brazzaville…  et les accords de « on ne sait plus quoi encore » qui ne sont jamais respectés.
Par le passé, on a connu les « barracudas » venus de leurs lointains océans prendre un bain de soleil à Béréngo, au palais impérial abandonné par Sa Majesté Bokassa 1er (dont nous saluons la mémoire. Paix à son âme); on croise encore aujourd’hui les « sangaris » qui flottent au-dessus de nos ruines encore fumantes après les affrontements entre Seleka et anti-balaka. Demain peut-être, on verra des « hyènes » fouiller dans les cendres de nos villages détruits ou des «vautours » qui viendraient nettoyer nos carcasses abandonnées au coin de la rue lorsqu’il n’y aura plus de diamants ni de pétrole à offrir.
En dépit de toutes ces interventions, l’hémorragie continue encore. Voilà pourquoi nous voulons donner quelques pistes pour comprendre le mal qui ronge le Centrafricain afin de permettre une prise en charge thérapeutique adéquate.

-le mal centrafricain est d’abord que tout le monde veut devenir président de la République, tout en sachant qu’il n’y a qu’un seul fauteuil auquel tous ne peuvent pas accéder ;
-le mal centrafricain est que ceux qui sont aux affaires ne respectent pas leurs engagements, font passer leurs intérêts avant ceux de leur peuple, manipulent la Constitution afin de rester à vie au pouvoir, déclenchant ainsi des rébellions de toutes les couleurs aux quatre coins du pays;
-le mal centrafricain est que ceux qui prétendent au pouvoir sont souvent prêts à sacrifier le peuple pour arriver à leurs fins, en employant tous les moyens de destructions massives possibles ;
-le mal centrafricain est que ceux qui assassinent et détruisent le pays sont souvent récompensés, amnistiés et recommencent les mêmes bêtises lorsqu’ils veulent davantage de pains;
-le mal centrafricain est que le Centrafricain d’en bas est si aveugle au point qu’il se laisse manipuler par l’homme d’en haut ;
-le mal centrafricain est que le Centrafricain est toujours prêt à tuer son voisin ou à détruire ses biens parce que celui-ci est opposant, militant d’un parti autre que le sien, d’une autre ethnie ou confession religieuse ;
-le mal centrafricain est que de nombreux dirigeants se sentent fils du pays juste quand ils veulent avoir un poste au bled, puis s’empressent de brandir un passeport étranger lorsque l’odeur de leur propre merde commence à les étouffer ;
-le mal centrafricain est qu’on pique dans la caisse du bled, on investit ailleurs ;
-le mal centrafricain est qu’on ne regarde pas dans les yeux du peuple lorsqu’on le saoule avec des mensonges et des promesses sans lendemain…
-le mal centrafricain est que ceux qui se disent des « intellectuels » sont ceux qui détruisent le pays par des manœuvres sournoises, des détournements de deniers publics, la corruption, la gabegie, le tribalisme, l’impunité, l’absence de vision et des discours d’incitation à la haine et aux divisions;
-le mal centrafricain est que le Centro est très paresseux, parle beaucoup, capable de consommer seul un baril de bière en une journée pendant que des dossiers s’empilent dans son bureau déserté ;
– le mal centrafricain est que le Centro se croyant dans « le plus beau pays »au monde ne cherche pas à améliorer son image ;
-le mal centrafricain est que la jeunesse manque de lucidité et de créativité, passe son temps dans les bouteilles d’alcool ou sous les arbres à faire des jeux et raconter des potins en longueur de journée, à admirer les belles voitures et nanas et à faire l’éloge des plus tordus du coin qui se font remarquer en mal ;
-le mal centrafricain est que si tu ne fais rien tu deviens la risée des uns, lorsque tu te distingues en bien, tu déclenches la jalousie des autres. On t’accuse de magie ou de mafia et on attend qu’une occasion se présente pour que tu deviennes la cible des tueurs ou des pilleurs ;
-le mal centrafricain est que beaucoup rêvent de devenir soldats en s’associant aux groupes armés et prennent du coup part à des actes abominables indignes d’un futur défenseur de sa patrie. Mais aussi que le soldat ne défend pas sa patrie, il devient par contre boxeur dans les guinguettes ;

-le mal le plus inquiétant du Centrafricain est qu’il reste souriant après avoir causé du tort à son pays et saigné le cœur de son frère, et est toujours fier de n’avoir pas avancé d’un seul petit pas après 50 ans d’indépendance.

Étiquettes
Partagez

Commentaires

Chantal Faida

Cher frère, tu es le messie de cette centrafrique,

Tâche de nous emballer dans ton rêve d'une centrafrique guérrie et tu auras marqué l'histoire entière de ce pays.

Bref, dis-nous on fait quoi pour se léver et batir cette terre pourtant bénie

didierkassai

Merci à vous,chère Chantal.vous aurez ma réponse au cours des prochaines publications